Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/167

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Ils entassèrent les fagots, mirent la fusée sur le tas et voilà le feu pris.

— C’est magnifique ! cria la fusée. Ils me mettent en pleine lumière. De la sorte chacun me verra.

— Maintenant nous allons dormir, dirent les enfants, et, quand nous nous réveillerons, la marmite sera en ébullition.

Et ils se couchèrent sur le gazon et fermèrent les yeux.

La fusée était très humide. Il se passa bien du temps avant qu’elle ne brûlât. À la fin, cependant, le feu y prit.

— Maintenant je vais partir, criait-elle.

Et elle se redressait, et elle se raidissait.

— Je sais que je vais monter plus haut que les étoiles, plus haut que la lune, plus haut que le soleil. J’irais si haut que…

— Fizz, Fizz, Fizz !

Elle s’éleva dans les airs.

— Délicieux ! criait-elle. Je monterai comme cela à jamais. Quel succès j’ai !

Mais personne ne la voyait.