Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pouvait approuver que des enfants se permissent de rêver.

Une nuit, une petite Hirondelle vola à tire d’ailes vers la cité.

Six semaines avant, ses amies étaient parties pour l’Égypte, mais elle était demeurée en arrière.

Elle était éprise du plus beau des roseaux.

Elle l’avait rencontré au début du printemps comme elle volait sur la rivière à la poursuite d’un grand papillon jaune, et sa taille svelte avait eu tant d’attrait pour elle qu’elle s’était arrêtée pour lui parler.

— Vous aimerai-je, avait dit l’Hirondelle, qui aimait aller droit au but.

Et le roseau lui avait fait un salut profond.

Alors l’Hirondelle avait voleté autour de lui, effleurant l’eau de ses ailes et y traçant des sillages d’argent.

C’était sa façon de faire sa cour, et ainsi s’écoula tout l’été.

— C’est un ridicule attachement, gazouillaient les autres hirondelles. Ce roseau n’a pas le sou, et il a vraiment trop de famille.