Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/201

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— Mais pourquoi ? disait un papillon qui voletait à la poursuite d’un rayon de soleil.

— Mais pourquoi donc ? murmura une pâquerette à sa voisine d’une douce petite voix.

— Il pleure à cause d’une rose rouge.

— À cause d’une rose rouge. Comme c’est ridicule !

Et le petit lézard, qui était un peu cynique, rit à gorge déployée.

Mais le rossignol comprit le secret des douleurs de l’étudiant, demeura silencieux sur l’yeuse et réfléchit au mystère de l’amour.

Soudain il déploya ses ailes brunes pour s’envoler et prit son essor.

Il passa à travers le bois comme une ombre et, comme une ombre, il traversa le jardin.

Au centre du parterre se dressait un beau rosier et, quand il le vit, il vola vers lui et se campa sur une menue branche.

— Donnez-moi une rose rouge, cria-t-il, et je vous chanterai mes plus douces chansons.

Mais le rosier secoua sa tête.

— Mes roses sont blanches, répondit-il, blanches comme l’écume de la mer et plus