Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/209

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Il sentit que quelque chose l’étouffait à la gorge.

Alors son chant lança un dernier éclat.

La blanche lune l’entendit et elle oublia l’aurore et s’attarda dans le ciel.

La rose rouge l’entendit ; elle trembla toute d’extase et ouvrit ses pétales à l’air froid du matin.

L’écho l’emporta vers sa caverne pourpre sur les collines et éveilla de leurs rêves les troupeaux endormis.

Le chant flotta parmi les roseaux de la rivière et ils portèrent son message à la mer.

— Voyez, voyez, cria le rosier, voici que la rose est finie.

Mais le rossignol ne répondit pas : il était couché dans les hautes graminées, mort le cœur transpercé d’épines.

À midi, l’étudiant ouvrit sa fenêtre et regarda au dehors.

— Quelle étrange bonne fortune ! s’écria-t-il, voici une rose rouge ! Je n’ai jamais vu