Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/53

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nées, car les sens, comme le feu, peuvent purifier aussi bien que détruire.

Après déjeuner, il s’allongea sur un divan et alluma une cigarette.

Sur le dessus de cheminée, garni d’un vieux brocard très fin, il y avait une grande photographie de Sybil Merton, telle qu’il l’avait vue, la première fois, au bal de lady Noël.

La tête petite, d’un délicieux modèle, s’inclinait légèrement de côté, comme si la gorge mince et frêle, le col de roseau avaient peine à supporter le poids de tant de beauté. Les lèvres étaient légèrement entr’ouvertes et semblaient faites pour une douce musique et, dans ses yeux rêveurs, on lisait les étonnements de la plus tendre pureté virginale.

Moulée dans son costume de crêpe de chine[1] moelleux, un grand éventail de feuillage à la main, on eût dit d’une de ces délicates petites figurines qu’on a trouvées dans les bois d’oliviers qui avoisinent Tanagra et il y avait dans

  1. En français dans le texte.