Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/68

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ni l’honneur ni le devoir ne lui permettaient de reculer. Il lui dit qu’il fallait reculer le mariage, car jusqu’à ce qu’il fût sorti de ses embarras, il n’avait pas sa liberté.

Il la supplia d’avoir confiance en lui et de ne pas douter de l’avenir. Tout irait bien, mais la patience était nécessaire.

La scène avait lieu dans la serre de la maison de M. Merton à Park Lane où lord Arthur avait dîné comme d’habitude.

Sybil n’avait jamais paru plus heureuse, et, un moment, lord Arthur avait été tenté de se conduire comme un lâche, d’écrire à lady Clementina au sujet du globule et de laisser le mariage s’accomplir, comme s’il n’y avait pas dans le monde un M. Podgers.

Cependant, son bon naturel s’affirma bien vite, et, même quand Sybil se renversa en pleurant dans ses bras, il ne faiblit pas.

La beauté, qui faisait vibrer ses nerfs, avait aussi touché sa conscience. Il sentit que faire naufrager une si belle vie pour quelques mois de plaisir serait vraiment une vilaine chose.

Il demeura avec Sybil jusque vers minuit,