Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/186

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Il se leva de sa chaise, alla et revint deux ou trois fois dans la pièce.

Puis, se laissant choir dans un fauteuil, il me conta l’histoire suivante.

— Un soir, vers cinq heures, je descendais Bond-Street.

Il y avait un grand encombrement de voitures et la circulation était tout à fait arrêtée.

Tout près du trottoir était rangé un petit brougham jaune, qui pour une raison ou une autre attira mon attention.

Comme je passais tout près, je vis s’avancer, pour regarder dehors, la figure que je vous ai montrée cet après-midi.

Elle me fascina immédiatement.

Pendant toute la nuit, je ne pensai pas à autre chose, et il en fut de même le lendemain.

Je montai, je redescendis à plusieurs reprises cette maudite rangée, jetant un regard furtif dans toutes les voitures, attendant le brougham jaune, mais je n’arrivai point à découvrir ma belle inconnue, si bien que je finis par me persuader que je ne l’avais vue qu’en songe.