Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/188

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Elle parlait fort peu, toujours de la même voix basse et musicale. On eût dit qu’elle avait peur d’être écoutée par quelqu’un.

Je me sentais passionnément, stupidement épris et l’indéfinissable atmosphère de mystère, qui l’entourait, excitait au plus haut point ma curiosité.

Quand elle fut sur le point de partir, ce qu’elle fit fort peu de temps après le dîner, je lui demandai si je pourrais lui rendre visite.

Elle hésita un instant, regarda autour d’elle pour voir si quelqu’un se trouvait près de nous, et me dit alors :

— Oui, demain à cinq heures et quart.

Je priai madame de Rastail de me parler d’elle, mais tout ce qu’elle put me dire se réduisit à ceci.

Cette dame était veuve. Elle possédait une belle maison dans Park-Lane.

Comme à ce moment, un raseur du genre scientifique entreprenait une dissertation sur les veuves, pour étayer la thèse de la survivance des plus aptes, je pris congé et rentrai chez moi.