Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/190

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Pendant toute la saison, je la vis fort souvent et cette atmosphère de mystère ne la quittait pas.

Parfois je pensai qu’elle était au pouvoir de quelque homme, mais elle semblait si malaisément accessible que je ne pus m’en tenir à cette idée-là.

Il m’était réellement bien difficile d’arriver à une conclusion quelconque, car elle était pareille à ces singuliers cristaux qu’on voit dans les muséums et qui sont transparents à certains moments et troubles à certains autres.

À la fin, je me déterminai à lui demander de devenir ma femme ; j’étais énervé et fatigué des incessantes précautions qu’elle m’imposait pour faire un mystère de mes visites, des quelques lettres que je lui envoyais.

Je lui écrivis à la librairie pour lui demander si elle pourrait me recevoir le lundi suivant à six heures.

Elle me répondit oui, et je fus transporté de plaisir jusqu’au septième ciel.

J’étais follement épris d’elle, en dépit du mystère à ce que je croyais alors, mais en