Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/262

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mais elle a des devoirs si nombreux, qu’au delà de certaines limites, sa possession est une source d’ennuis. Elle comporte des servitudes à n’en plus finir pour les uns ; pour d’autres une continuelle application aux affaires : ce sont des ennuis sans fin.

Si la propriété ne comportait que des plaisirs, nous pourrions nous en accommoder, mais les devoirs qui s’y rattachent la rendent insupportable. Nous devons la supprimer, dans l’intérêt des riches.

Quant aux vertus des pauvres, il faut les reconnaître, elles n’en sont que plus regrettables.

On nous dit souvent que les pauvres, sont reconnaissants de la charité. Certains le sont, nul n’en doute, mais les meilleurs d’entre eux ne sont jamais reconnaissants. Ils sont ingrats, mécontents, indociles, ingouvernables, et c’est leur droit strict.

Ils sentent que la Charité est un moyen de restitution partielle ridiculement inadéquat, ou une aumône sentimentale, presque toujours aggravée d’une impertinente indiscré-