Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/296

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d’autre moyen pour que nous ayons l’une et l’autre chose.

Un individu qui a pour tâche de fabriquer des objets destinés à l’usage des autres, et qui doit tenir compte de leurs besoins et de leurs désirs, ne saurait s’intéresser à ce qu’il fait, et par conséquent, il ne peut mettre en son œuvre ce qu’il y a de meilleur en lui.

D’un autre côté, quand une société, ou une puissante majorité de cette société, quand un gouvernement de n’importe quelle sorte, attentent de dicter à l’artiste ce qu’il a à faire, l’art se dissipe à l’instant, ou bien il prend une forme stéréotypée, ou bien il dégénère en une sorte de métier, basse et ignoble.

Une œuvre d’art est le résultat unique d’un tempérament unique. Elle doit sa beauté à ce que l’auteur est ce qu’il est. Elle ne doit rien à ce fait que d’autres ont besoin de ce dont ils ont besoin.

Et en réalité, dès que l’artiste tient compte de ce que les autres demandent, dès qu’il s’efforce de satisfaire à cette demande, il