Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/302

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un caractère artistique marqué. On peut créer des œuvres charmantes dans les genres du burlesque et de la farce, et l’artiste jouit en Angleterre, d’une très grande liberté, dans les pièces de cette sorte.

C’est quand il s’agit des formes dramatiques plus élevées que se fait sentir l’influence du contrôle populaire. La seule chose que le public ne puisse pas souffrir, c’est la nouveauté.

Tout effort qu’on fait pour élargir le sujet, le domaine de l’art, est extrêmement mal accueilli du public, et pourtant la vitalité et le progrès de l’art dépendent dans une large mesure du développement continuel qu’on donne au domaine des sujets. Le public repousse la nouveauté parce qu’il en a peur. Elle lui apparaît comme un mode d’individualisme, comme une affirmation qu’émet l’artiste d’avoir le droit de choisir son sujet, de le traiter comme il l’entend.

L’attitude du public se justifie parfaitement.

L’art, c’est de l’individualisme, et l’individualisme est une force qui introduit le désordre et la désagrégation. C’est là ce qui fait son