Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/340

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la douleur, et la sympathie pour la douleur n’est pas la forme la plus élevée de sympathie.

Toute sympathie est un raffinement, mais la sympathie avec la souffrance est le moindre des raffinements.

Elle est troublée d’égotisme. Elle est apte à devenir maladive. Il y entre une certaine dose de terreur au sujet de notre propre sécurité. Nous nous laissons aller à la crainte de devenir pareils au lépreux ou à l’aveugle, et d’être privés de tous soins.

En outre, elle nous rétrécit d’une façon curieuse. On devrait avoir de la sympathie pour la vie dans sa totalité, et non pas seulement pour les fléaux et les maladies de la vie. On devrait en avoir pour la joie, la beauté, l’énergie, la santé, la liberté de la vie.

Naturellement à mesure qu’elle s’élargit, la sympathie devient plus difficile. Elle demande qu’on soit encore moins égoïste.

Chacun peut sympathiser avec les souffrances d’un ami, mais il faut être d’une nature bien pure, en somme d’une nature vraiment