Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/344

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Les peintres de la Renaissance nous représentent le Christ comme un enfant qui joue avec un autre enfant dans un palais ou un jardin, ou se renversant dans les bras de sa mère pour lui sourire, pour sourire à une fleur, à un brillant oiseau, ou bien encore comme une noble et imposante figure qui parcourt majestueusement le monde, ou comme un personnage surnaturel, qui dans une sorte de cage, surgit de la mort dans la vie.

Même quand ils le peignent crucifié, ils le représentent comme un dieu de beauté auquel de méchants hommes ont infligé la souffrance.

Mais il ne les absorbait pas beaucoup.

Ce qu’ils représentaient avec plaisir, c’étaient les hommes et les femmes qu’ils admiraient. Ils se plaisaient à montrer tout le charme de ce globe enchanteur.

Ils firent beaucoup de tableaux religieux ; et même ils en firent beaucoup trop. La monotonie du type et du sujet est chose fatigante ; elle nuisit à l’art. Elle était imputable à l’autorité que le public exerçait dans les choses