Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/84

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que-t-il quelque forme de renonciation à la faculté de croire ?

Peut-être étais-je simplement las de tout le problème et, mon enthousiasme s’étant consumé, ma raison en revint à son propre jugement sans passion ?

Quelle qu’en fût la cause, et je ne prétends pas en fournir l’explication, — il n’y avait pas de doute que Willie Hughes était soudain devenu pour moi un pur mythe, un rêve oiseux, l’imagination enfantine d’un jeune homme, qui, comme bien des esprits ardents, était plus soucieux de convaincre les autres que d’être lui-même convaincu.

Comme j’avais dit à Erskine dans ma lettre des choses très injustes et très amères, je décidai d’aller le voir une fois et de m’excuser auprès de lui de ma conduite.

Conformément à cette résolution, le lendemain matin, je poussai jusqu’à Bird Cagewalk.

Je trouvai Erskine assis dans sa bibliothèque, le faux portrait de Willie Hughes en face de lui.