Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/90

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« La vérité vous fut une fois révélée. Vous l’avez rejetée.

« Maintenant vous voilà taché du sang de deux hommes : ne vous en détournez plus. »

Ce fut un moment horrible.

J’en étais malade de chagrin et, pourtant je n’y pouvais croire.

Mourir pour ses croyances religieuses est le pire usage qu’on puisse faire de sa vie ; mais mourir pour une théorie littéraire cela semblait impossible.

Je regardai la date.

La lettre avait été écrite une semaine avant.

Quelque malencontreuse chance m’avait détourné d’aller au club pendant quelques jours : Là, j’aurais pu la recevoir à temps pour le sauver.

Peut-être il n’était pas trop tard.

Je courus chez moi. Je fis mes bagages et je partis de Charing-Cross par le train de nuit.

Le voyage fut insupportable. Je crus que je n’arriverais jamais.

Sitôt débarqué, je courus à l’hôtel d’Angleterre.