Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/26

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n'est point encore éteinte, la torche de la poésie.

 L'étoile qui surgit par-dessus les hauteurs de
 l'Orient défend invinciblement ses armoiries argentées,
 contre les ténèbres qui s'épaississent, contre
 la fureur des ennemis. Oh! reste encore avec nous,
 car, au cours de la nuit longue et monotone,
 Morris[5], le doux et simple enfant de Chaucer,
 l'aimable héritier des pipeaux mélodieux de Spencer,
 a souvent charmé par ses tendres airs champêtres
 l'âme humaine en ses besoins et ses détresses,
 et des champs de glace, lointains et dénudés, a
 rapporté assez de belles fleurs pour faire ensemble
 un paradis terrestre.

[Note 5: William Morris, poète et ouvrier d'art, auteur du poème _L'Histoire de Sigurd le Volsung_ et _La chute des Niebelungen_, 1877.]

 Nous les connaissons tous, Gudrun, la fiancée
 des hommes forts, et Aslaug, et Olfason, nous les
 connaissons tous, et comment combattait le géant
 Grettir, et comment mourut Sigurd, et quel enchantement
 tenait le roi captif, quand Brynhild
 luttait avec les puissances qui déclarent la guerre à
 toute passion. Ah! que de fois, pendant les heures
 d'été,
 les longues heures monotones, alors que le midi,
 s'amourachant d'une rose de Damas, oublie de reprendre
 sa marche vers l'Ouest, si bien que la lune,