Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/126

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— Je ne comprends pas.

— Non, je le pense bien. Il faut maintenant que je vous choque en vous disant que nous n’avons plus rien de ce que vous, indigène d’une autre planète, appelleriez un gouvernement.

— Je ne suis pas aussi choqué que vous pourriez croire, ayant quelque connaissance des gouvernements. Mais, dites-moi, comment vous arrangez-vous, et comment en êtes-vous venus à cet état de choses ?

— Il est vrai que nous avons quelques mesures à prendre au sujet de nos affaires, et sur lesquelles vous pourrez questionner tout à l’heure, et il est vrai également que tout le monde n’est pas toujours d’accord sur le détail de ces mesures ; mais, d’autre part, il est vrai que l’on n’a pas plus besoin d’un système compliqué de gouvernement, avec armée, marine et police pour forcer chacun à se soumettre à la volonté de la majorité de ses égaux, que l’on ne recourrait à une machine analogue pour arriver à comprendre que sa tête et un mur de pierre ne peuvent occuper le même lieu au même moment. Désirez-vous de plus amples explications ?

— Oui, oui, je vous prie.

Le vieil Hammond s’installa dans son fauteuil avec un air de satisfaction qui m’inquiéta plutôt, et me fit craindre une dissertation scientifique : je soupirai donc, et j’attendis. Il dit :

— Je pense que vous savez assez bien quelle était la nature du gouvernement aux mauvais anciens âges ?