Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/136

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dire les hommes énergiques et actifs, — ont souvent conduit à la violence.

Je ris, et dis :

— En sorte que maintenant vous retirez votre concession, et vous dites qu’il n’y a pas de violence parmi vous ?

— Non, dit-il, je ne retire rien ; comme je vous l’ai dit, ces choses arrivent. Le sang chaud s’égare parfois. Un homme peut en frapper un autre, et l’homme frappé frapper à son tour, et le résultat peut être un homicide, pour mettre les choses au pis. Et puis après ? Allons-nous, nous les voisins, rendre les choses pires encore ? Allons-nous prendre les uns des autres une si mesquine opinion, que de supposer que l’homme tué nous somme de le venger, alors que nous savons que, s’il avait été blessé, il aurait, une fois redevenu de sang-froid et capable de peser toutes les circonstances, pardonné à celui qui l’avait blessé ? Ou bien la mort du meurtrier rendrait-elle la vie au mort, ou guérirait-elle le malheur que sa perte a causée ?

— Bien, mais réfléchissez ; est-ce que la sécurité de la société ne doit pas être sauvegardée par quelque punition ?

— Voilà, voisin ! dit le vieillard un peu triomphant. Vous avez mis dans le mille. Cette punition, dont les hommes parlaient si sagement et usaient si stupidement, qu’était-elle, sinon l’expression de leur crainte ? Et ils avaient bien à craindre, puisqu’ils — je veux dire les maîtres de la société — demeuraient comme