Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/139

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à être traitée par aucun code de lois criminelles ?

— À peu près ; et comme, ainsi que je vous l’ai dit, nous sommes en général un peuple sain, il n’est pas probable que nous soyons beaucoup dérangés par cette maladie-là.

— Bon, vous n’avez ni code civil, ni code criminel. Mais n’avez-vous pas de lois du marché, si je puis dire, aucun règlement pour l’échange des produits ? Car vous devez faire des échanges, même n’ayant pas de propriété.

Il dit :

— Nous n’avons pas d’échange individuel courant, comme vous l’avez vu ce matin quand vous avez fait des emplettes ; mais, bien entendu, il y a des règlements des marchés, qui varient selon les circonstances et suivant l’usage général. Mais comme ce sont des sujets de consentement universel, auxquels personne ne rêve de faire objection, nous n’avons pas pris la précaution de les renforcer : c’est pourquoi je ne les appelle pas lois. Dans la loi, qu’elle soit criminelle ou civile, l’exécution suit toujours le jugement, et quelqu’un doit pâtir. Quand vous voyez le juge sur son siège, vous voyez à travers lui, aussi clairement que s’il était de verre, l’agent mettre en prison et le soldat tuer quelque personne actuellement vivante. De pareilles folies feraient un charmant marché, n’est-ce pas ?

— Certes, dis-je, ce serait transformer le marché en un vrai champ de bataille, dans lequel bien des gens pâtiraient autant que, dans un champ de bataille, de boulets et de bayon-