Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/147

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blée. Mais, en supposant l’affaire proposée et appuyée, si quelques-uns des voisins la désapprouvent, s’ils pensent que l’affreux pont de fer pourra encore servir quelque temps et s’ils ne veulent pas s’embarrasser d’en construire un tout de suite, on ne compte pas les voix cette fois-là, mais on remet la discussion complète à l’Assemblée suivante, et, en attendant, les arguments pour et contre se répandent et plusieurs sont imprimés, en sorte que chacun est au courant ; lorsque l’Assemblée se réunit de nouveau, il y a une discussion en forme et enfin on vote à mains levées. Si l’on se tient à peu de voix, la question est de nouveau renvoyée à une discussion ultérieure ; si l’écart de voix est considérable, on demande à la minorité si elle veut céder à l’opinion la plus répandue, ce qu’elle fait souvent, même le plus généralement. Si elle refuse, la question est discutée une troisième fois ; et si la minorité n’a pas sensiblement augmenté, elle cède toujours ; je crois pourtant qu’il existe quelque règle à demi-oubliée qui lui permettrait de prolonger l’affaire ; mais, en fait, ce qui arrive toujours, c’est qu’ils sont convaincus, non peut-être que leur façon de voir est mauvaise, mais qu’ils ne pourront persuader ou obliger la communauté à l’adopter.

— Très bien, dis-je, mais qu’arrive-t-il si l’écart se maintient faible ?

— En principe, et selon la règle en ce cas, la question doit être alors abandonnée, et la majorité, lorsqu’elle est si faible, est obligée de se soumettre et d’accepter le statu quo. Mais je