Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/161

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ne peut être fait que pour un usage déterminé ; aussi on ne fait pas de produits inférieurs. De plus, comme je l’ai déjà dit, nous nous sommes rendu compte de nos besoins, en sorte que nous ne fabriquons pas plus que ce qu’il nous faut ; et comme rien ne nous oblige à fabriquer une grande quantité de choses inutiles, nous avons assez de temps et de ressources pour regarder la fabrication comme notre plaisir. Tout travail qui serait fastidieux à faire à la main est fait par un machinisme énormément perfectionné ; et tout travail qu’il est agréable de faire à la main est fait sans machinisme. Il n’est pas difficile de trouver de l’ouvrage convenant au tour d’esprit particulier à chacun ; en sorte que nul n’est sacrifié aux besoins d’un autre. De temps en temps, lorsque nous avons reconnu que quelque travail est trop déplaisant ou pénible, nous l’avons abandonné, et nous avons tout à fait renoncé à l’objet qu’il produisait. Vous voyez bien maintenant que, dans ces conditions, tout le travail que nous faisons est un exercice de l’esprit et du corps plus ou moins agréable : en sorte qu’au lieu d’éviter le travail, tout le monde le recherche : et, les gens étant devenus plus adroits au travail de génération en génération, il est devenu si facile qu’il semble que l’on fasse moins, alors que probablement on produit davantage. Je pense que cela explique cette crainte, à laquelle j’ai fait allusion tout à l’heure, d’une disette possible de travail, crainte que vous avez peut-être déjà remar-