Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/209

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vous ai dit, les simples soldats ne pouvaient inspirer confiance aux réactionnaires ; mais les officiers étaient préparés à tout, car ils étaient, pour la plupart, les hommes les plus stupides du pays. Quoi que fît le gouvernement, une grande partie des classes supérieures et moyennes étaient résolues à mettre en train une contre-révolution ; car le communisme, qui maintenant levait la tête, leur semblait absolument insupportable. Des bandes de jeunes gens, comme les maraudeurs dans la grande grève dont je viens de vous parler, s’armèrent et s’exercèrent, et commencèrent, sous n’importe quel prétexte ou occasion, des escarmouches avec le peuple dans les rues. Le gouvernement ne les aida pas, ni ne les réprima, mais se tint prêt, espérant que quelque chose sortirait de là. Ces « Amis de l’Ordre », comme on les appelait, obtinrent d’abord quelques succès et s’enhardirent ; beaucoup d’officiers de l’armée régulière vinrent à leur aide, et, grâce à eux, ils eurent des munitions de guerre de toutes sortes. Leur tactique consistait en partie à garder les grandes usines de l’époque et même à y tenir garnison ; ils occupèrent entièrement, par exemple, l’endroit appelé Manchester, dont je vous ai parlé. Une sorte de guerre irrégulière fut menée, avec des succès variés, dans tout le pays ; et enfin, le gouvernement qui, d’abord, avait prétendu ignorer la lutte, ou la considérer comme une pure agitation d’émeutes, se déclara définitivement pour les « Amis de l’Ordre », ajouta à leurs bandes tout ce qu’il