Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/225

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— Hôte, je vois que vous serez aussi à l’aise que possible ; car vous n’avez pas à craindre que ces deux-ci s’occupent trop de vous : ils auront tant à faire ensemble qu’ils vous laisseront beaucoup à vous-même, je prévois, et cela est d’une véritable prévenance envers un hôte, après tout. Oh ! vous n’avez pas à craindre non plus d’être de trop : c’est là précisément ce qu’aime un couple d’oiseaux comme ceux-ci, d’avoir un bon ami commode à qui s’adresser, de façon à se reposer des extases d’amour, grâce au solide ordinaire de l’amitié. De plus, Dick, et Clara bien plus encore, aiment causer un peu de temps en temps, et vous savez que des amoureux ne causent pas, à moins qu’ils n’aient quelque chagrin ; ils babillent seulement. Au revoir, Hôte, soyez heureux !

Clara s’approcha du vieil Hammond, lui jeta les bras autour du cou et l’embrassa cordialement, puis dit :

— Vous êtes un bon vieillard et vous pouvez plaisanter à mon sujet tant que vous voudrez ; nous ne tarderons pas à vous revoir ; vous pouvez être sûr que nous rendrons notre hôte heureux ; mais, vous savez, il y a du vrai dans ce que vous dites.

Je lui serrai encore la main et nous sortîmes de la salle, traversant les galeries, et dans la rue nous trouvâmes le grison attelé qui nous attendait. Il était bien surveillé : un petit garçon de sept ans environ tenait les rênes et le regardait gravement dans la figure ; en outre, il y avait derrière lui une fillette de quatorze ans,