Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nous traversâmes plusieurs champs où l’on finissait les foins, mais Dick et surtout Clara étaient si jaloux de leur fête sur le haut fleuve, qu’ils ne me laissèrent guère leur en parler. Je pus observer seulement que les gens, dans les champs, semblaient vigoureux et beaux, tant les hommes que les femmes, et que loin de présenter aucune apparence sordide, ils paraissaient porter des costumes spécialement appropriés — légers, bien entendu, mais gais, et très ornés.

Ce jour-là, de même que la veille, nous avions, comme vous pensez bien, croisé, dépassé, et laissé passer beaucoup de bateaux d’une espèce ou d’une autre. La plupart étaient à rames, comme le nôtre, ou à voiles, à la manière dont les voiliers sont conduits dans le haut fleuve ; mais à chaque instant nous rencontrions des chalands chargés de foins ou d’autres produits du pays, ou transportant des briques, de la chaux, du bois de charpente, etc., et ils allaient sans aucun moyen de propulsion visible — rien qu’un homme au gouvernail, souvent avec un ami ou deux qui riaient et causaient avec lui. Dick, ce jour là, s’aperçut à un moment que je regardais avec attention un de ces chalands, et dit :

— C’est un de nos chalands mécaniques, il est aussi facile de manœuvrer des transports mécaniques sur eau que sur terre.

Je compris fort bien que ces « transports mécaniques » avaient remplacé notre ancienne force de la vapeur ; mais j’eus grand soin de ne