Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/267

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poser aucune question à leur sujet, sachant bien que je ne serais jamais capable de comprendre leur fonctionnement, et qu’en m’y efforçant je me trahirais, ou j’amènerais quelque complication impossible à expliquer. Je me contentai donc de dire :

— Oui, naturellement, je comprends.

Nous abordâmes à Bisham, où les restes de la vieille abbaye et de la maison du temps d’Elisabeth qu’on y avait ajoutée subsistaient encore, et ne s’en portaient pas plus mal pour avoir été habités de nombreuses années avec soin et goût. Les gens de l’endroit étaient ce jour là presque tous dans les champs, hommes et femmes ; nous ne vîmes donc que deux vieillards, et un homme plus jeune, qui était resté à la maison pour travailler à quelque œuvre littéraire, que notre venue, je me figure, interrompit grandement. Je crois cependant aussi que le grand travailleur qui nous reçut ne fut pas fâché de l’interruption. Il ne cessa d’insister pour nous faire rester toujours plus longtemps, si bien qu’enfin nous ne partîmes qu’à la fraîcheur du soir.

Mais peu nous importait ; les nuits étaient claires, la lune brillant à son troisième quartier ; et c’était tout un pour Dick, de ramer ou de rester assis dans la barque : nous fîmes donc un grand chemin. Le soleil du soir brillait éclatant sur les restes des vieux bâtiments à Medmenham ; tout près s’élevait une vaste construction irrégulière, que Dick nous dit être une jolie maison ; et on pouvait voir