Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/292

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peu à peu à enseigner aux plus jeunes un peu de métier d’artisan, comme l’usage de la scie et du rabot, le travail de la forge et ainsi de suite, car, de nouveau, à cette époque, tout ce qu’un homme savait faire — et encore tout au plus — c’était de fixer un manche de frêne à un râteau par le travail de ses mains, en sorte qu’il fallait une machine d’une valeur de mille livres, une escouade d’ouvriers et une demi-journée de travail pour faire un ouvrage d’une valeur de cinq shillings. Il nous montra, entre autres choses, un compte rendu d’un certain conseil de village qui travaillait dur à toute cette besogne ; nous trouvâmes fort amusante et en même temps instructive la relation de l’application intense qu’ils apportaient à l’étude approfondie de quelque question qui eût paru tout à fait banale aux temps passés, comme, par exemple, les exactes proportions d’huile et de soude pour fabriquer le savon des lessives du village, ou la température précise de l’eau destinée à faire bouillir un gigot, — tout cela joint à l’absence totale de quoi que ce fût qui ressemblât à un sentiment d’opposition entre les partis, qu’à une époque antérieure on aurait certainement vu apparaître, même dans une assemblée de village.

Ce vieillard, qui s’appelait Henry Morsom, nous emmena, après notre repas et une sieste, dans une vaste salle qui contenait une grande collection d’objets de manufacture et d’art depuis les derniers temps de la période du machinisme jusqu’à ce jour ; il les parcourut avec