Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/297

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molletières, l’avant d’une autre barque pénétrait sous l’arche basse. Rien qu’à première vue, c’était un gai petit bateau, vert brillant, avec des fleurs peintes d’un élégant dessin. Lorsqu’il dépassa l’arche, une personne, aussi brillante et gaiement vêtue que la barque, s’y leva ; une jeune fille élancée, habillée de soie bleu clair, qui voltigeait dans le courant d’air du pont. Il me sembla connaître cette personne, et, en effet, lorsqu’elle tourna sa tête vers nous et nous montra sa belle figure, je vis avec joie qu’elle n’était autre que la fée de l’abondant jardin de Runnymede, Ellen.

Nous nous arrêtâmes pour la recevoir. Dick se leva dans la barque et lui cria un chaleureux bonjour ; j’essayai d’être aussi chaleureux que Dick, mais ne réussis pas ; Clara agita sa main délicate, et Morsom, approuvant de la tête, regarda avec intérêt. Quant à Ellen, dont le magnifique teint brun était rendu plus profond par l’émotion, elle amena le plat-bord de sa barque le long de la nôtre et dit :

— Vous voyez, voisins, je n’étais pas sûre que vous reviendriez tous trois par Runnymede, ni, si vous le faisiez, que vous vous arrêteriez ; en outre, je ne sais pas si nous n’allons pas partir, mon père et moi, dans une ou deux semaines, car il veut voir un frère dans le nord, et je n’aimerais pas le voir partir sans moi. J’ai donc pensé que je ne vous reverrais jamais, ce qui m’a fait de la peine, et… et je vous ai rejoints.

— Eh bien ! dit Dick, nous en sommes tous