Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dick se leva, lui posa la main sur l’épaule et dit :

— Non, non ; que l’Hôte montre ce qu’il sait faire… Il devrait s’entraîner maintenant. D’ailleurs, nous ne sommes pas pressés : nous n’allons guère au delà d’Oxford, et même, si nous sommes pris par la nuit, nous aurons la lune, et la nuit ne sera rien de pire qu’un jour plus gris.

— Et puis, dis-je, je puis m’arranger pour faire un peu mieux avec les avirons que d’empêcher simplement la barque de descendre le courant.

Ils se mirent tous à rire, comme si c’eût été une excellente plaisanterie ; et je pensai que le rire d’Ellen, même parmi les autres, était un des bruits les plus agréables que j’eusse jamais entendus.

Bref, je montai dans la nouvelle barque, non sans transport, et, prenant les avirons, je me mis au travail de façon à me faire valoir. Car, — faut-il le dire ? — il me semblait que ce monde si heureux était plus heureux encore, parce que je me trouvais si près de cette étrange fille ; cependant, je dois dire que, de toutes les personnes que j’avais vues dans ce monde renouvelé, elle était pour moi la moins familière, la plus dissemblable que j’aurais pu imaginer. Clara, par exemple, si belle et brillante qu’elle fût, n’était pas différente d’une jeune dame très agréable et simple ; et de même les autres femmes ne paraissaient rien de plus que des spécimens, en beaucoup mieux, de types