Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/309

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pense que vous me croirez si je vous le dis ; aussi je ne vais rien vous cacher.

Elle se tut un moment, puis elle dit ;

— Mon ami, vous avez deviné juste ; et, à dire vrai, je vous ai rejoint afin de pouvoir vous poser beaucoup de questions, et parce que je voyais que vous n’étiez pas l’un de nous ; et cela m’intéressait, et me faisait plaisir, et je voulais vous rendre aussi heureux que possible. À vrai dire, il y avait un risque à cela, dit-elle en rougissant… je pense à Dick et à Clara ; car il faut que je vous dise, puisque nous allons devenir si bons amis, que, même parmi nous, où il y a tant de belles femmes, j’ai souvent causé un trouble désastreux dans l’esprit des hommes. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai été vivre seule avec mon père dans la maisonnette de Runnymede. Mais cela n’y a rien fait ; naturellement des gens y sont venus, l’endroit n’étant pas un désert, et ils m’ont trouvée d’autant plus intéressante que je vivais ainsi seule, et se sont mis à s’imaginer toutes sortes de choses à mon sujet,… comme je sais que vous l’avez fait, mon ami. Eh bien, laissons cela. Ce soir ou demain matin, je vous proposerai quelque chose qui me ferait grand plaisir, et qui, je pense, ne vous fera pas de peine.

Je l’interrompis vivement, disant que je ferais tout au monde pour elle ; car, malgré mon âge et ses marques trop visibles (bien que cette sensation de renouvellement de jeunesse ne fût pas, je pense, une simple sensation passagère), malgré mon grand âge, dis-je, je me sentais