Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/330

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vers la vieille maison où le destin, sous la forme de Dick, m’avait si singulièrement amené en cette nouvelle société humaine. Ma compagne émit un soupir d’agréable surprise et de joie ; et je n’en fus pas surpris, car le jardin entre le mur et la maison embaumait des fleurs de juin, et les roses se pressaient les unes contre les autres avec cette délicieuse surabondance de petits jardins bien soignés qui à première vue éteint en celui qui regarde tout autre sentiment que celui de la beauté. Les merles sifflaient à qui mieux mieux, les pigeons roucoulaient au faîte du toit ; plus loin, dans les hauts ormes, les corneilles bavardaient au milieu des jeunes feuilles, et les martinets tournoyaient en criant autour des pignons. Et la maison elle-même était le gardien qui convenait à toute la beauté de cet été triomphal.

De nouveau Ellen fit écho à mes pensées en disant :

— Oui, ami, voilà ce que je suis venue voir : cette vieille maison aux nombreux pignons, construite par les simples gens de campagne qui vécurent en des temps depuis longtemps écoulés, insoucieux de toute l’agitation des villes et des cours ; elle est encore charmante parmi toute la beauté que les temps récents ont créée ; et je ne m’étonne pas que nos amis en prennent grand soin et l’apprécient tant. C’est pour moi comme si elle avait attendu ces heureux jours, et conservé les miettes de bonheur réunies du passé confus et tumultueux.

Elle me conduisit tout près de la maison, et