Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/53

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— Mais vous ne voulez pas dire que les enfants apprennent toutes ces choses ?

— Cela dépend de ce que vous entendez par enfants ; et aussi il faut vous rappeler combien ils sont différents. En général, ils ne lisent pas beaucoup, sauf un petit nombre de livres de contes, jusque vers quinze ans ; nous n’encourageons pas à se plonger dans les livres prématurément ; vous trouverez bien des enfants qui veulent se mettre aux livres de très bonne heure, ce qui peut-être ne leur vaut rien ; mais il ne sert à rien de les contrarier, et bien souvent cela ne leur dure pas longtemps, et ils trouvent leur équilibre avant d’arriver à vingt ans. Voyez-vous, les enfants sont surtout enclins à imiter leurs aînés, et lorsqu’ils voient la plupart des gens occupés à un travail vraiment amusant, comme la construction d’une maison, le pavage des rues, le jardinage, et autres du même genre, c’est à cela qu’ils veulent se mettre ; je ne pense donc pas que nous devions craindre d’avoir trop d’hommes instruits dans les livres.

Qu’aurais-je pu dire ? Je restais là, et ne disais mot, par crainte de m’empêtrer encore. D’ailleurs, j’ouvrais les yeux tant que je pouvais, et je me demandais, tandis que le vieux cheval continuait à trottiner, au moment où j’allais entrer dans Londres même, à quoi il pouvait bien ressembler maintenant.

Mais mon compagnon ne pouvait laisser tomber tout à fait son sujet, et continuait avec réflexion :