Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je remarquai que les gens ne pouvaient s’empêcher de me regarder un peu de travers ; et en comparant mes habits et les leurs je ne pouvais m’en étonner ; mais, chaque fois qu’ils rencontraient mon regard, ils me faisaient un très amical signe d’accueil.

Nous allâmes droit à l’avant-cour du Musée, où, sauf les rampes disparues et les branches murmurantes des arbres, rien ne paraissait changé ; les pigeons eux-mêmes tournoyaient autour du bâtiment et s’accrochaient aux ornements du fronton comme je les avais vus faire autrefois.

Dick semblait un peu distrait, mais il ne put s’abstenir de faire quelques remarques sur l’architecture, et dit :

— C’est un vieux bâtiment assez vilain, n’est-ce pas ? Bien des gens avaient voulu le mettre à bas et le reconstruire, et peut-être, si vraiment le travail vient à manquer, nous le ferons. Mais, comme mon arrière-grand-père vous le racontera, ça ne serait pas une petite affaire. car il y a là-dedans de merveilleuses collections de toutes sortes d’antiquités, et en outre une énorme bibliothèque avec beaucoup de livres extrêmement beaux, et beaucoup de très utiles, tels que documents originaux, textes de vieux ouvrages, etc. ; et le tracas et l’inquiétude, même le risque, qu’il y aurait à déplacer tout cela a sauvé les constructions. En outre, comme nous l’avons déjà dit, il n’est pas mauvais d’avoir quelque spécimen de ce que nos ancêtres regardaient comme un beau monument. Car