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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

pieds ». La cause ne fut jamais soumise à un jury d’experts ; seule, la légende garantit l’authenticité du fait que plantes et arbres continuent à respecter l’intention et l’exécution du pacte. Nos agents d’immeubles n’ont pas encore pensé à cela ; c’est bien le seul truc qui ne soit pas dans leur sac ; ils finiront bien par le découvrir et s’en servir à l’occasion.

Derrière le Daibutsu, dans la forêt, un grand magasin cache précieusement trois mille objets de toutes descriptions, à l’usage de la cour impériale au VIIIième siècle ; trésor d’un grand prix qui n’est jamais exposé à la vue du public. Contentons-nous donc de passer.

19 novembre — Il fait un temps superbe : une véritable journée de juillet. Novembre est le plus beau mois de l’année japonaise ; l’été est la saison des pluies.

Nous visitons le temple de Ni-Guatsu-do, entouré de centaines de lanternes de métal suspendues à son toit ; c’est le dieu qui protège des incendies. Tout près, un autre temple en réparation ; l’allée qui y conduit est bordée, sur un parcours d’un mille, d’une double rangée de lanternes de pierre variant de cinq à quinze pieds de hauteur et se touchant toutes. Ces lanternes sont allumées le 3 février, fête du dieu.

Revenant sur nos pas, nous passons au Mont sacré, au pied duquel est enfermé, dans une stalle à grille en bois, un petit cheval blanc, laid, ébouriffé, aux yeux blancs de lait caillé ; on lui offre des fèves, des amandes. Révérence, s’il vous plait, c’est un cheval sacré ; un avant-goût des Indes où ce sera le tour de la vache. En ce doux pays, les chiens ont moins de veine, les taureaux aussi ; ils sont attelés au timon avec leurs maîtres et tirent de lourdes charges.

Dans le parc, des cigognes, oiseaux superbes que nous avons pu admirer, barbotent avec des canards au riche plumage. On les appelle les oiseaux de bonheur. Ces braves cigognes sont très occupées à apporter les nouveau-nés qui pullulent dans les demeures ; je vous ai déjà dit, je crois, que les enfants étaient la principale récolte au pays ; le riz vient en second lieu.