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de minutes. Il faisait très beau ; le soleil nous réchauffait de ses rayons bienfaisants.

27-28 novembre — Nous recevons de M. Shinzavuro Iida, grand fabricant et marchand de soieries, dont j’ai fait la connaissance pendant la traversée, une invitation à un thé chez lui ; nous nous rendons à son aimable attention. Il habite une superbe maison aménagée à la japonaise, à l’exception d’un petit salon qui est à l’européenne. Son père demeure avec lui, ainsi que sa sœur, mademoiselle Hakato, charmante jeune fille de vingt ans, qui fit les honneurs de la maison. Le père et ses deux fils possèdent d’immenses établissements à Tokio, Kyoto et Osaka. Ils sont multimillionnaires. On ne pourrait le deviner à la vue de leur demeure très spacieuse, mais si simple. L’honneur qu’il nous fit n’est pas ordinaire, car n’est pas admis qui veut dans la maison d’un Japonais, surtout d’un Japonais de marque. Il nous combla de politesses. Il nous fit voir des objets d’art des plus précieux, des boîtes en laque d’un travail merveilleux, de grandes urnes chinoises, vieilles de deux mille ans et plus.

Le thé fut servi dans le den et deux hibashi remplis de charbon de bois, furent installés à droite de nos fauteuils respectifs ; un bon feu flambait dans la cheminée. Mademoiselle joua une sonate sur le piano. Elle débute dans ses études musicales européennes et apprend l’anglais depuis un mois. Monsieur Iida nous régala d’une rhapsodie japonaise qui aurait dû être pincée sur le koto ou la shamisen, mais qu’il exécuta sur le piano. Il exhibe avec un légitime orgueil sa photographie de lieutenant dans l’armée impériale et nous prie d’inscrire nos noms dans le livre d’or de la famille. La naissan qui nous a servis se montrait discrètement à la porte et recevait les ordres à genoux.

29 novembre — Visite du parc Okusaka et du musée de peinture moderne. Les artistes du jour y exposent leurs œuvres en grand nombre : aquarelles, peintures à l’huile, sculptures sur bois. Quelques pièces sont remarquables ; la plupart étaient trop chargées en couleurs. Leurs imitations des peintures de l’Europe font peine