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ASIE — CHINE — HONG KONG — JOHORE

liège, à la Stanley in Darkest Africa ; et allons-y, avec le kodak en bandoulière et les souliers de toile blanche.

Avant de nous mettre au lit, nous faisons une promenade dans les rues. Partout, sur les trottoirs, dans les enfoncements des portes, dans les ruelles, enroulés dans la toile à sac ou autres oripeaux de même splendeur, des centaines de sans-abri dorment profondément. À quoi bon un toit ? Il fait si doux au dehors ! Je ne vous parlerai pas des petites boutiques et des mille et une industries de la ville indigène ; elles sont les mêmes, dans toutes les villes et tous les villages de la Chine, à peu de différence près.

Par la fenêtre de notre chambre nous contemplons le spectacle féerique de l’illumination des maisons, des palais dans la montagne, toute pointillée d’étoiles qui forment avec le firmament une étincelante draperie sans solution de continuité et dont les plis immenses sont retenus au zénith par le croissant d’argent de la lune. Demain, nous irons à Canton.

20 janvier — Nous nous embarquons sur l’un des bateaux de la compagnie Hong-Kong-Canton et Macao Steamboat Company. À 6 heures du matin, vendredi, nous nous éveillons à destination.

Au premier coup d’œil, Canton n’offre au touriste rien d’extraordinaire. Au-dessus d’un bosquet touffu se déploient les drapeaux des légations ; des édifices modernes, à plusieurs étages, bordent la rue du Havre. On se croirait à Shanghaï. Autour du bateau, les éternels sampans circulent avec leur chargement d’humanité à pleins bords. Un peu au large, des navires de guerre, des canonnières, battent divers pavillons. En face : l’édifice de la maison Sun & Co., l’immense magasin à rayons. Après un bon déjeuner, nous nous perchons sur des chaises à porteurs et pénétrons sans autre transition, entre deux murs tellement rapprochés que je les touche en étendant les bras chaque côté de la chaise. Je me figure que nous sommes dans un cul-de-sac, une impasse quelconque d’où nous sortirons bientôt ; erreur : nous sommes dans l’une des grandes artères de la ville. Il n’y en a pas