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Cupidon. Elle pilait le riz sous un abri de feuilles de palmiers ; elle nous accueillit de bonne grâce, et continua son travail pour nous intéresser. Toute la bourgade se réunit autour de nous. Comme la lumière était propice, j’apprêtai mon kodak pour croquer la scène sur le vif, mais, à la vue de mon instrument, tous rentrèrent dans leurs paillottes.

À Java, le nu dans l’art n’a rien que de naturel. « Après tout », comme disait la bonne d’une Anglaise, « il n’y a rien d’indécent (shocking) : c’est noir partout ! » Dans les chambres, sur la véranda, partout, se posent au mur, des phalènes, papillons de grande dimension aux couleurs les plus riches et aux nuances chatoyantes.

Il y a peu d’oiseaux à Java ; du moins, nous n’en avons pas vus en grand nombre ni de particulièrement intéressants. La visite au marché de la ville nous permet d’examiner les produits des champs et de connaître la population rurale. Les femmes, assises par terre, offrent leurs marchandises en mâchant du bétel qui rougit la bouche, noircit et carie les dents ; c’est le grand mal du pays. Le bétel remplace le tabac, l’alcool et l’opium. Des racines de tapioca, grosses comme des carottes, s’étalent en piles. Nous y admirons tous les fruits et légumes du pays, et les produits des petites industries domestiques. Des hommes cousent de la toile, du batik, à la machine à coudre mise en mouvement à la manette.

Les petiots suivent la maman au marché et prennent, en public, leurs repas à la gourde maternelle ; en ce paradis terrestre, il n’y a pas de gêne.

9 février — Départ, le matin, pour Djokjakarta par train rapide. À Maos, la population change ; nous quittons les Soudanais pour les Javanais proprement dits ; la différence dans le type n’est pas très sensible.

À 1 heure 30, p.m., nous sommes en gare de Djoka. Il est fort heureux que l’on ait ainsi raccourci le nom de Djokjakarta, nom par trop cacophonique, qui désarticule les mâchoires des Hollandais ; ce n’est pas peu dire, et