Page:Wilson - Voyage autour du monde, 1923.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mérapi : plus de trois mille pieds de la base à son panache de fumée blanche. Il n’éclate pas souvent, mais gronde toujours ; son sommeil est agité. Comme tous ses congénères, il s’éveillera, un beau matin ou un mauvais soir, et fera tout sauter autour de lui, en sautant lui-même. Il y a plus de cinquante volcans actifs à Java ; le plus fameux est le Bromo, au sud de l’île. Le désert qui l’entoure, et qu’il a fait lui-même de ses laves et de ses cendres, a plus de cent milles carrés. C’est une pénible et dangereuse aventure que sa visite et son ascension. Nous ne la ferons pas pour deux raisons : la première, le temps nous manque ; cela suffit pour que je sois dispensé de donner la seconde : les difficultés presque insurmontables pour l’atteindre.

10 février — Le temple de Boro-Boeder, le plus grand et le plus beau de tous, est à quarante milles de Djoka, sur la route de Moentilen, au pied d’une chaîne de montagnes, dans la direction opposée de Panbanam. Ce que j’ai dit de ce dernier peut bien s’appliquer à Boro-Boeder ; ils sont tous les deux du même genre, de la même architecture et de la même époque. Boro-Boeder est complètement restauré, autant que faire se peut, sans changer sa forme, son caractère et son apparence. C’est un quadrilatère de cinq cent trente-et-un pieds de côté et cent soixante-quinze de la base au sommet. On le compare à la grande pyramide de Gizeh. Cette merveille a captivé notre admiration deux heures durant ; c’est à regret que nous l’avons quittée. Pour l’artiste, le savant, l’historien, ce temple et ses environs sont un sujet d’étude de toute une vie. Ces temples, ou plutôt ces montagnes architecturées, sont à peu près tout ce qui reste d’hindou à Java. Avec les derniers survivants des peuples originaires des bords sacrés du Gange et de l’Indus, tout vestige de cette religion y est presque disparu.

Le Javanais est athée ; il y a bien dans l’île quelques missions catholiques et protestantes dont l’œuvre admirable est couronnée de certain succès, mais la masse est inerte. J’invite ceux qui ne croient pas à l’œuvre humanitaire des