tapage, avenues congestionnées par la circulation. Nous fuyons le centre de la ville et courons vers ses quarante-cinq milles de parcs et de jardins fleuris où nous passons agréablement la journée.
6 octobre — À 7 heures 35 p.m., départ pour le Grand Canyon, Arizona. Nous traversons l’Illinois, le Kansas, l’Oklahoma, le New-Mexico. Du blé, du blé, du maïs, du maïs, de la luzerne, des troupeaux, des fermes prospères. Deux jours et trois nuits de chemin de fer et nous atteignons le Grand Désert. Triste contrée de rochers, de ravins, de plaines sablonneuses, de végétation rabougrie ; un pays de mines et de pétrole.
« Grand Canyon ! Hôtel El-Tovar ! » annonce le conducteur du train. Nous arrivons enfin.
En deux minutes nous sommes au bord de l’effroyable précipice.
Quel cataclysme a ouvert ce plateau à huit mille pieds au-dessus de la mer et creusé ce sillon cyclopéen de deux cents milles de longueur par dix milles de largeur et six mille pieds de profondeur ? Du fond de cet abîme surgissent des pics, des chaînes de montagnes dont les cimes ne dépassent pas les bords. Ces montagnes ont tous les aspects imaginables, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel qui chatoient aux caprices infinis de la lumière. Des formes vagues, indécises, colossales, de châteaux, de cathédrales, d’amphithéâtres, de colisées, de forteresses, de bastions, de portiques, de mausolées, de stadiums, de pyramides, d’obélisques, de contreforts, de ravins, de grottes qui ont dû être habitées par des dinosauriens et des mastodontes, se dressent dans cette gorge titanique au fond de laquelle coule, comme un mince filet d’argent, la rivière Colorado, large de mille pieds pourtant. Sur ses rives se dessinent des hôtelleries, des campements, des club-houses et autres établissements de sport et d’amusement.
Attirés, captivés par le pittoresque aspect et l’effarante splendeur de cette tranchée des géants, l’œil fixement tendu vers la profondeur du précipice que le ciel