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bâbord ; la terre est visible chaque côté. Nous croisons plusieurs navires ; les phares éclairent le passage, donnent la direction, indiquent la route, signalent les récifs et les fonds bas.

20 février — Arrivés à Penang, à 7 heures a.m. Le bateau, ayant trop fort tirage, a jeté l’ancre, à minuit, en face de la ville. De bonne heure, nous sautons dans les sampans qui nous conduisent au débarcadère. C’est notre première expérience à bord de ces petites embarcations mises en mouvement par un indigène qui manœuvre debout, sens devant derrière, deux longues rames dont les manches se croisent. Au lieu de tirer, comme chez nous, il pousse, la figure tournée vers l’avant de son embarcation décorée de couleurs vives et de deux gros yeux blancs peints chaque côté de la proue. On dirait un énorme dauphin dont l’homme serait la queue relevée en trompette. Penang est très jolie ; c’est un peu Singapour.

Nous prenons un auto et faisons le tour de l’île, en une randonnée de trois heures, sous bois, à travers les plantations de cocotiers, bananiers, caoutchoucs, dans les montagnes et les plaines. À un moment donné, le chauffeur stoppe en face d’un joli petit temple chinois et nous fait comprendre, par sa mimique drôle, qu’il y a là des serpents comme au temple de Singapour. Nous nous faisons un peu prier ; il insiste, et nous descendons pour lui faire plaisir. Nous entrons ; à notre grande stupeur, ce temple est rempli de ces reptiles : plus de cinquante, de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Ils s’enroulent aux brûleurs d’encens, aux chandeliers, aux colonnes, aux bras, au cou, à la tête des idoles, sur les tables, aux murs, sur les tablettes, sur le plancher, partout. Un prêtre officie ; des fidèles, la plupart chinois richement vêtus, prient et déposent des offrandes. L’encens brûle à profusion. Je jette vingt sous dans l’escarcelle aux aumônes, pour me rendre ces affreuses bêtes propices, et nous fuyons avec un petit frisson dans le dos, et en regardant par derrière pour nous assurer que ces sales bêtes ne nous poursuivent pas. Brrr !