Page:Wilson - Voyage autour du monde, 1923.djvu/293

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Des paons, des cigognes, des perroquets, des oiseaux de tous plumages pécorent, gloussent, sifflent et chantent dans le patio.

Le Temple de Jaïn, construit, il y a trente-deux ans, par Rai Buddree Doir Bahadoor, est un petit bijou de verroterie clinquante : joli, mignon, mais un peu bibelot. Les Jaïns forment une secte qui correspond aux Quakers. Ce temple et son entourage gagnent à la photographie. J’ai été désappointé. Bahadoor a élevé dans l’enceinte du temple un auguste mausolée aux cendres de sa mère décédée en 1874, ou plutôt à sa mémoire, puisque ses cendres ont été jetées dans le fleuve sacré.

À 5 heures p.m., nous prenons le train pour Darjeeling, en route vers le mont Everest et le Kinchinjinga dans la chaîne des Himalayas, les plus hautes montagnes du globe. Nous changeons deux fois de train, à Santahar et à Siliguri, à cause de la différence de largeur des trois voies ferrées dont la première est broad gauge, la seconde standard gauge, et la troisième, celle qui monte jusqu’à huit mille pieds, d’à peine deux pieds de largeur. Sur cette voie circulent de petits trains qui ont l’air de joujoux.

3 mars — Darjeeling est une fort jolie ville moderne, une ville de garnison où la cornemuse, le pibrock, les flageolets nasillards éveillent les échos des montagnes, comme sur les bords du lac Lhomon, dans les Highlands de l’Écosse. Il fait une brume si dense que nous ne pouvons rien distinguer du panorama, si grandiose par un temps clair. J’y prends une grippe bien conditionnée et ne quitte pas la chambre.

4 mars — En chaises portées par six coolies, ascension du Tiger Hill, pour surprendre le soleil à son lever dans les pics neigeux et les glaciers de l’Everest et de la Kinchinjinga, mais nous revenons désolés ; la brume ne s’est pas dispersée. C’est malheureux d’avoir fait ce long trajet de quatre cents milles pour ne rien voir. Les montagnes ont de ces caprices. Nous repartons pour Calcutta. Le long du trajet, un Américain prétentieux et outrecuidant se permit de faire des réflexions désobligeantes