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pour la sainteté du lieu, salissent tout sur leur passage. De dévots personnages recueillent précieusement ces reliques d’un nouveau genre, auxquelles ils attribuent une merveilleuse efficacité pour certains usages physiques ou spirituels. »

« Un enclos voisin renferme le Puits des connaissances, élégante construction surmontée d’une colonnade de quarante piliers. Il s’en échappe des exhalaisons méphitiques évidemment engendrées par la décomposition des offrandes végétales que les pèlerins y jettent à profusion ; ce qui n’empêche pas ceux-ci de puiser sans cesse l’eau putride qu’ils boivent sur place, ou rapportent précieusement dans leur pays. »

Tout près de ce puits de science, un énorme taureau en fer, peint en rouge vif, est couché sur ses quatre pattes, le mufle au vent. Un prêtre, assis sur un tabouret, à sa tête, récite des prières, évente l’animal quand le soleil est trop ardent, et sollicite des aumônes. Les fidèles passent à l’arrière et flattent la bête, sur des parties qu’on ne peut nommer en bonne compagnie, et vont ensuite s’ablutionner à la fontaine de toute science. Une vache énorme, confortablement installée dans un portique latéral, entend les invocations des dévots en extase devant son mufle, et rumine les tiges vertes et les fleurs qu’on jette à sa portée. Des veaux sacrés vont un peu partout, avec indifférence. Dans les couloirs si étroits que deux personnes peuvent à peine se croiser, des fakirs et des marchands vendent des horoscopes, des bénédictions, des guirlandes de fleurs jaunes, des lingams et autres objets de piété.

Après les vaches, nous allons voir les singes qui ont aussi leur déesse. Elle a nom : Dourga, autre épouse de Siva. Son temple est remarquable par son architecture qui est du plus pur style hindou et par les sculptures qui sont bien fouillées. Au centre sont la cour et le poteau du sacrifice. Chaque matin, on immole, en face de l’alcôve obscure où se cache la déesse, un agneau ou un chevreau. Un grand nombre de singes habitent