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des officiers et des soldats de la garnison, se réfugièrent pour se protéger contre la mitraille des assiégeants, du 30 mai jusqu’au 25 septembre 1857, date de leur délivrance par les troupes de sir Colin Campbell. Plus de la moitié périrent du choléra, de la dysenterie et d’autres maladies qu’ils contractèrent dans ce triste séjour, trop étroit pour un nombre si considérable de personnes. Le cimetière, à côté, est là pour redire cette lugubre histoire en des épitaphes qui tirent les larmes.

Dans une petite chambre de cette cave, se trouvait, avec bien d’autres, Jessie Brown, une écossaise, qui espérait quand même. Dans les derniers jours du siège, au moment où les plus résolus perdaient courage, où toute espérance semblait vaine, Jessie eut un songe : elle vit sir Colin Campbell à la tête de ses troupes, s’avancer sur le fort et forcer l’ennemi à lever le siège. Ce songe était prophétique. À force de le répéter aux neuf cents officiers et soldats de la garnison, elle fut considérée comme une illuminée, une délirante, mais le songe devint réalité, et, le 25 septembre, les malheureux assiégés étaient délivrés. Ce merveilleux épisode qui rappelle un peu Jeanne d’Arc et les Voix, a inspiré à Grace Campbell les belles stances de son poème : Jessie’s Dream.

Des monuments, des tablettes commémoratives ont transmis les noms de ces héros et héroïnes. Sur la tombe de sir Henry Lawrence se lit cette modeste inscription qui a dû être dictée par lui-même :


Here lies sir Henry Lawrence who tried to do his duty.
May the Lord hâve mercy on his soul.


L’Imambara, la place du patriarche, une immense mosquée, est dédiée au Moharram, c’est-à-dire en mémoire du martyre des fils d’Ali, descendants immédiats du prophète Mahomet. Ils furent, dans la quarantième année de l’hégire (666 A.D.), mis à mort par des rivaux qui voulaient diriger la religion nouvelle et détrôner la famille de Mahomet. Le Moharram est une fête mobile,