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tailles. Les ébats joyeux et les courses folles des marsouins nous amusent toujours. Nous croisons plusieurs navires à tribord, deux remorqueurs qui touent une immense cale-sèche à destination de Sourabaya, Java. Ils sont partis d’Amsterdam, il y a deux mois.

Des îles rocheuses, volcaniques, des cratères éteints, surgissent çà et là de la mer. Sur les cimes, des phares : des postes de secours et de télégraphie sans fil ; aucune végétation.

22 avril — Le temps frais n’est pas encore arrivé ; ce sera pour demain ou après demain ou plus tard, mais nous ne souffrons nullement de la chaleur. Nous désirons de la variété, du changement ; on n’est jamais content de son sort.

23 avril — Il fait froid au point qu’il faut des vêtements plus lourds. À midi, nous sommes vis-à-vis Djeddah et la Mecque : la Jérusalem, la Rome du mahométisme.

24 avril — Nous avons souhaité une température plus basse, nous sommes servis plus qu’à souhait ; il fait froid. Où sont les prophètes inspirés, les savants, les voyageurs véridiques, qui prétendent que la mer Rouge est un couloir de l’enfer où l’on rôtit à la broche ? Farceurs !

25 avril — Hier, nous avons croisé une douzaine de bateaux dont l’un d’eux, un hollandais, le Vandael. Le vent est tombé ; la mer est d’huile. À gauche, sur la terre d’Afrique, la chaîne des monts Lybiques ferme la côte. Le ciel se couvre de nuages et l’atmosphère est chargée de brume ; on se croirait sur l’Atlantique. A deux heures du matin, on a signalé le mont Sinaï à droite. En fermant les yeux, nous avons vu, assis sur le sommet, Moïse, tenant dans ses bras les deux tables de la loi ; le vent soufflait sur le fleuve de sa barbe et les deux jets classiques de lumière céleste illuminaient son front auguste :


« Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu,
« Et observeras ses commandements ».