Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avec l’autorité supérieure, monsieur ? Suis-je qualifié pour augmenter le nombre des surveillants ? Suis-je investi des pouvoirs suffisants pour convoquer la police, monsieur ? Par la queue du bœuf Apis, dites-le moi !

— Je croyais…

— Vous croyez ? Et tout le monde le croit ! Et le monde savant croit que John Smith est un vieil imbécile qui ne fait rien !

— Mais…

— Je ne suis pas le vieil imbécile, ventre d’Horus !

— Je dirai…

— Je ne suis pas le vieil idiot, museau d’Apis !

— Sans doute…

— Je ne suis pas le vieux poltron, tête d’Osiris !

— Non, assurément.

— Je ne suis pas le vieux cancre, m’entendez-vous, monsieur ? Je ne suis pas le vieux cancre, le vieux poltron, le vieil idiot, le vieil imbécile…

Le reporter n’en put rien tirer de plus, et il dut compléter son interview, laissant au langage de Smith sa virile saveur, mais ajoutant que l’honorable chef du département égyptien avait les mains liées par ses supérieurs.

Des gens bienveillants signalèrent à sir Septimus l’interview de son subordonné ; le pauvre directeur en fut douloureusement frappé. Il ne put jouer au bridge, et rentra chez lui l’estomac fermé. Il n’eut pas d’appétit au dîner, et il fit des rêves pleins d’amertume.

— Trahi ! répétait-il, trahi… par Smith !

Et il gémissait tristement.

Son réveil fut encore plus affligeant ; de noirs pressentiments emplissaient son âme, et l’événement les justifia. Une lettre du directeur des musées nationaux l’appelait au ministère. C’était la fin du monde.

Il se rendit en toute hâte auprès du directeur général, sir Mark Brentham, qui se montra sévère.