musée, sans savoir à quoi vous vous exposez…
— Je sais ! Je sais, mylord, affirma le bouillant Smith, mais la momie ayant été exportée en contrebande, nous n’avons rien à craindre du gouvernement égyptien.
— Là n’est pas la question…
— Au contraire, mylord. Là est l’unique difficulté que l’on puisse prévoir.
— Il y en a d’autres, il faut que vous le sachiez.
Conduisant le visiteur dans son bureau, John Smith s’assit devant sa table de travail et prit un air résigné.
— Je vous écoute, mylord.
II
LA DÉCOUVERTE DE LA MOMIE
Lord Charing alluma un cigare dont il avait soigneusement coupé le bout. Il aspira quelques bouffées, et demanda sérieusement à Smith s’il croyait aux mauvais sorts.
Le savant bondit sur son fauteuil.
— Moi ! mylord ? Vous voulez rire…
— Je ne veux pas rire du tout, je vous pose cette question parce que mon histoire vous impressionnera d’une manière différente, suivant que vous croirez ou ne croirez pas aux sorts.
— Par le ventre d’Horus ! Vous me demandez à moi, John Smith, membre de la Société royale, si je crois à cette chose absurde, bonne pour les montagnards d’Écosse ?
— Bien, bien, M. Smith. Alors vous m’expliquerez la cause des événements que je vais vous raconter.
» Je me trouvais en Égypte l’hiver dernier. Je m’y étais rendu sur mon yacht ; je comptais passer la mauvaise saison au Caire, et remonter le Nil jusqu’à Khartoum.
» M’étant arrêté à Thèbes, ou plutôt à l’endroit que cette ville célèbre occupait autrefois, j’ai visité ses temples et parcouru les hypogées où reposaient les momies des pharaons. Je suis resté quelques jours à l’ancre devant Louqsor, et le bruit s’est vite répandu dans le pays qu’un riche seigneur anglais était arrivé, les poches pleines de guinées.
— Et les Arabes sont venus vous proposer des antiquités ?
— Naturellement. J’ai fait quelques acquisitions, que j’ai payées sans marchander.
— Bon moyen pour attirer ces filous !