Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/111

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— Oui, on me l’a payé, mais il n’est pas encore publié.

— Ah ! et on vous l’a bien payé. Le journal dit 500 livres.

— Oui, Effie, 500 livres. C’est une bonne affaire pour moi.

— On peut s’installer en ménage avec 500 livres devant soi. Ne le pensez-vous pas ?

— Certainement, Effie.

— Alors on pourrait peut-être fixer une date ?

— Une date, Effie ? Pourquoi faire ?

— Mais pour la cérémonie, mon cher Edward.

— Quelle cérémonie, ma chère ?

Effie se mordit les lèvres. Son fiancé était-il distrait à ce point qu’il n’avait pas compris ses allusions, claires, mais délicates ? Rogers, qui avait l’air de penser à toute autre chose, reprit machinalement :

— De quelle cérémonie parlez-vous, Effie ?

— Vous ne le devinez pas ?

— Non !

— Alors, ce n’est pas à moi de vous le dire.

— Elle veut parler de votre mariage, Edward, intervint Mrs. Rogers.

— Notre mariage ! Ah ! sans doute. Notre mariage ? Croyez-vous, Effie, qu’il soit prudent de le fixer dès à présent ? Il vaudrait mieux attendre que j’aie fini de corriger les épreuves du lexique.

Effie rougit et ne répondit pas, mais après dîner, tandis que Mrs. Rogers sommeillait sur sa Bible, la jeune fille reprit l’entretien.

— Vous m’avez attristée, Rogers. Je supposais…

Elle s’arrêta, son cousin avait le regard fixe, la prunelle dilatée, ses lèvres murmuraient des paroles incompréhensibles. Un peu effrayée, Effie secoua son fiancé, qui tressaillit et sembla se réveiller d’un profond sommeil. Mais il conserva sa figure immobile, et son regard perdu dans le lointain.