Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/12

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— C’est ma réputation de générosité qui m’a sans doute valu la visite d’un vieillard, à mine patibulaire. Il se donnait comme le cheik d’un village voisin, situé sur la rive droite du Nil. Le vieux bandit vint un jour trouver mon interprète.

» Après une courte conversation, ce dernier m’apprit qu’un chef arabe désirait me faire des propositions relatives à une affaire merveilleuse.

» C’était un pilleur de tombes ; il avait déjà fait quelques trouvailles fructueuses, et subi quelques condamnations, incidents prévus, qui n’avaient pas entravé sa carrière, car il récidivait sans scrupules. Sa constance venait d’être récompensée ; il avait découvert, depuis peu, une tombe royale dans une gorge isolée de la chaîne libyque, à une assez grande distance des sépulcres actuellement connus.

— Le vieux misérable ! murmura Smith.

— Le cercueil, d’une grande richesse, était double, et renfermait une momie de femme, encore parée de superbes bijoux. Si j’étais disposé à payer sa trouvaille un prix convenable, le vieux cheik se chargeait de l’amener nuitamment à mon bord. Je commençai par refuser. Il insista si bien que, pour mon malheur, je finis par céder.

— Pour votre malheur ?

— Pour mon malheur, oui. Car cette momie a une influence maligne.

— Allons donc, mylord ! Vous ne pensez pas un mot de cela.

— Au contraire. Je n’ai jamais plus sérieusement parlé. La première victime fut le vieux cheik. Il tomba dans la rivière après avoir touché le prix de la vente et se noya.

— Coïncidence, par Isis, coïncidence !

— Attendez. Au moment où je donnais l’ordre de partir pour continuer la montée du Nil, le mécanicien vint m’avertir qu’une pièce importante s’étant brisée, il était impossible de continuer le voyage. Je dus par conséquent revenir au Caire à la voile, aidé par le courant.

» À partir du moment où la momie est devenue ma propriété, une malechance constante n’a cessé de me persécuter. Je veux que vous le sachiez, et j’insiste sur ce point encore une fois.

— Pourquoi, mylord ?

— Parce que c’est la raison qui me détermine à me débarrasser de cet objet. À mon arrivée, au Caire, je trouvai lady Charing alitée. Elle avait une forte fièvre, et les médecins craignaient une maladie infectieuse