Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/126

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frapper rudement sur l’épaule, quand il sentit une main se poser sur son bras et le tirer vivement en arrière.

John Smith se retourna. Il n’y avait personne auprès de lui.

— Duncan, qui a osé me tirer le bras ?

— Personne, monsieur Smith.

Le chef des antiquités égyptiennes regarda autour de lui : il n’y avait là que deux autres visiteurs, qu’il connaissait. L’un, Phillimore Brand, étudiait depuis vingt-cinq ans le nombre des plumes figurées dans les ailes des globes de l’époque memphite ; il en était à son 162e mémoire sur ce sujet d’un intérêt si passionnant pour l’humanité ; le second était Josuah Denver, qui publiait tous les six mois les nouveaux résultats de ses recherches, sous le titre de « Contribution à l’étude de la figuration, la couleur, la largeur, l’épaisseur et la longueur du quatrième orteil du pied gauche dans les peintures murales représentant des Pharaons assis ».

Ces austères savants, dont la réputation était mondiale, n’auraient pas compromis leur dignité dans un geste aussi familier.

— Quelqu’un m’a tiré pourtant le bras ! Par Osiris !

— C’est la momie, monsieur Smith.

— La momie ! vieil imbécile ! la momie…

Mais Smith éprouva une impression désagréable à l’évocation de la momie qui lui avait causé tant d’embarras et tant d’émotions.

— Oui, la momie, monsieur Smith. Je l’ai d’ailleurs vue et je l’ai entendue.

— Entendue ? Duncan ? Vue ? Jeremiah ? Vous êtes donc aussi fou qu’idiot, tête d’Anubis !

Mais Duncan raconta l’incident du miroir, jurant ses grands dieux qu’il n’avait pas la berlue. Smith, malgré son impétuosité naturelle, se sentit intimidé. Il songea à sir Septimus Long, et alla demander secours à l’obèse directeur.

Sir Septimus était fort occupé, il dictait