Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/138

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extraordinaires de la nuit, et pensait les avoir vus en songe. Il alla comme d’habitude au Museum ; il croyait y avoir travaillé chaque jour, et ne conservait, dans son état normal, qu’un souvenir indistinct des événements qui s’y étaient passés.

Il n’avait conscience de lui-même, en réalité, qu’à son arrivée et à son départ ; il demeurait dans un état de somnambulisme pendant toute la durée de sa visite, état dans lequel il pouvait, assurent les occultistes, communiquer librement avec Nefert-thi.

Celle-ci reparut vers onze heures du soir ; l’humeur de la princesse était cette fois très gaie. Elle vint s’asseoir familièrement sur la table du jeune homme ; Rogers ne travaillait pas. Il avait roulé près de la cheminée son fauteuil, et, les jambes allongées parallèlement au meuble qui lui servait de bureau, il chauffait ses souliers humides au feu de charbon de terre. Il fumait des cigarettes, pensait à la jeune Égyptienne, et sentait son cœur palpiter au souvenir de sa princesse aimée, attendue, désirée.

Aussitôt assise, Nefert-thi se pencha, le baisa au front tendrement, et appuya ses jolis pieds nus, couleur d’ambre pâle, sur les genoux du jeune homme.

Soudain un vertige s’empara de lui. Il tombait, il tombait… il tombait toujours, comme s’il eût été précipité du sommet d’une très haute montagne. Ses yeux obscurcis apercevaient vaguement la main de Nefert-thi dirigée sur son front. Il eut des sensations pénibles comme la veille, et se trouva debout à côté de la princesse ; près de lui, son corps semblait sommeiller, avec l’apparence d’un être privé de vie. Seule, sa poitrine se soulevait à intervalles réguliers et singulièrement espacés.

— Viens avec moi, Ameni ! Je veux que tu saches comment tu dois te diriger quand ton âme a repris sa liberté. Allons au musée, sais-tu comment t’y rendre ?

— Non, Nefert-thi.

— Il faut avoir la volonté d’y aller. Pense